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s’amplifier, il se produit souvent ce que les économistes appellent une « fuite
                  devant la monnaie ».
                            Imaginons  que  les  prix  augmentent  chaque  semaine  de  10  %.  Cette
                  hypothèse n’est pas une vision de l’esprit: cela s’est passé dans les années 1920
                  en Allemagne et aujourd’hui encore certains pays du Tiers Monde connaissent
                  une  telle  situation.  Chaque  agent  économique  pense  que  s’il  conserve  de  la
                  monnaie, celle-ci  va  se  déprécier très  rapidement. En  quelques  semaines, elle
                  aura perdu la moitié de sa valeur... Chacun cherche donc à détenir le moins de
                  monnaie  possible  et  préfère  les  biens  durables  :  immeuble,  actions,  produits
                  alimentaires  durables  (sucre,  huile...)  qui  présentent  l’immense  avantage  de
                  conserver leur valeur.
                            Ce comportement de fuite devant la monnaie au profit de biens réels a
                  des  effets  économiques  qui  peuvent  être  très  pernicieux...  En  effet,
                  progressivement,  le  refus  de  monnaie  conduit  à  des  comportements  qui  se
                  rapprochent du troc; or, nos économies sont beaucoup trop complexes pour que
                  l’on puisse se passer de monnaie. Imaginons Renault devant payer ses ouvriers
                  non pas en monnaie mais en voitures et ceux-ci devant échanger ces automobiles
                  contre les biens dont ils ont besoin pour vivre!...

                            3.3.4. Inflation et compétitivité

                            Si les entreprises se réjouissent souvent de voir leurs dettes se réduire
                  sous l’effet de l’inflation, la hausse des prix nationaux risque d’avoir un effet
                  négatif sur la compétitivité des produits français, en particulier quand celle-ci est
                  supérieure à celle des produits étrangers.
                            Supposons que le prix des voitures françaises augmente de 20 %... alors

                  que celui des automobiles allemandes et italiennes reste stable. Il y aura  sans
                  doute des défenseurs inconditionnels de Renault ou Peugeot qui achèteront des
                  voitures françaises... mais il est probable qu’un nombre important d’acheteurs,
                  devant l’importance de la hausse des prix des produits français, préféreront le
                  modèle  étranger.  Le  choix  est  rationnel  au  niveau  du  consommateur,  mais  il
                  risque  d’en  résulter  des  effets  négatifs  pour  l’économie  nationale  :  les
                  importations  vont  s’accroître  et  il  faudra  trouver  des  devises  pour  payer  ces
                  achats;  ceci  sera  d’autant  plus  difficile  que  le  prix  des  produits  français  à
                  l’étranger  ayant  beaucoup  augmenté,  les  ventes  à  l’étranger  s’en  trouveront
                  réduites. Parallèlement les entreprises françaises ayant plus de mal à trouver des
                  débouchés risquent de réduire leur production et... en même temps l’emploi, car
                  à quoi sert une main-d’oeuvre importante quand la production diminue?

                            3.3.5. L’inflation, toujours mauvaise?

                            Si l’inflation présente de nombreux inconvénients, elle n’est pas sans
                  avantages. Ainsi nous avons vu qu’en réduisant l’endettement, elle pouvait
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