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4.3. Les critiques de la théorie monétariste

                            Cette analyse a fait l’objet de nombreuses critiques.

                            Quantités  de  monnaie  et  niveau  de  production  ne  sont  pas  des
                  variables indépendantes

                            Les économistes keynésiens estiment que l’accroissement de la masse
                  monétaire dans l’équation MV = PQ agit aussi sur les quantités produites Q. La
                  croissance des quantités de monnaie provoque une croissance économique qui
                  entraîne des créations d’emploi.
                            Si une banque accorde un crédit à une entreprise A, la masse monétaire
                  augmente. Si  parallèlement  l’entreprise A  utilise  cet  argent pour  acquérir  une
                  nouvelle machine qui autrement serait restée en stock dans l’entreprise B, cette
                  création de monnaie n’a pas induit de hausse de prix, elle a permis d’accroître le
                  niveau des ventes réalisées.
                            Lorsque  les  particuliers  ou  les  entreprises  ont  plus  de  disponibilités
                  monétaires,  ils  ont  généralement  tendance  à  accroître  leur  demande.  Les
                  entreprises  voyant  leurs  commandes  augmenter,  vont  se  réjouir  de  voir  leurs
                  ventes  s’accroître.  Nombre  d’entre  elles  vont  augmenter  leur  production  pour
                  répondre à cette demande nouvelle.
                            L’hypothèse  monétariste  traditionnelle  qui  voudrait  que  les  quantités
                  vendues  soient  indépendantes  des  quantités  de  monnaie  disponibles  n’est  pas
                  vérifiée dans l’économie réelle.
                            Les  économistes  keynésiens  n’estiment  pas  que  les  quantités  de

                  monnaie  en  circulation  sont  sans  importance,  mais  ils  pensent  qu’à  une
                  augmentation des quantités de monnaie correspondent à la fois un accroissement
                  des  quantités  pro-duites  (donc  de  l’emploi,  car  pour  produire  plus  il  faut
                  embaucher) et une certaine hausse des prix. Celle-ci est d’autant plus faible que
                  la  production  est  capable  d’augmenter  rapidement.  Or  les  possibilités
                  d’économies d’échelle liées aux augmentations de la demande constituent aussi
                  un frein au développement d’effets inflationnistes.
                            Fondamentalement  les  keynésiens  estiment  que  le  plein  emploi  vaut
                  bien un peu d’inflation et que mieux vaut une abondance monétaire relançant la
                  production  et  évitant  des  licenciements  qu’une  limitation  des  quantités  de
                  monnaie en circulation se traduisant d’abord par une réduction des commandes
                  et  donc  (en  période  de  difficultés  économiques)  par  une  aggravation  du
                  chômage.




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