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intermédiaire dans les échanges : je peux le remettre en règlement de tout achat
                  sur le territoire national et celui à qui je le remettrai pourra à son tour régler tout
                  achat effectué en France. Ce billet de banque a un cours légal sur le territoire
                  français... ce qui signifie que personne ne peut refuser d’être payé en billets de
                  banque. Cette qualité d’intermédiaire dans les échanges a pourtant une limite,
                  celle du terri-toire national. La monnaie est aussi un instrument de mesure des
                  valeurs, les prix des marchandises constituent un moyen de comparer des biens
                  entre eux. Enfin, la monnaie permet de décaler dans le temps l’acquisition d’un
                  bien.
                            L’argent que je conserve aujourd’hui pourra être utilisé dans 8 jours, 2
                  ans, 10 ans. Il constitue en quelque sorte un droit sur les marchandises en vente
                  sur le  marché, un droit dont la liquidité est parfaite, c'est-à-dire qui peut  être
                  utilisé sans délai (à la différence par exemple d’une créance pour laquelle on
                  doit attendre l’échéance).
                            Divers biens ont servi, au cours des siècles, de monnaie : sucre, bétail,
                  et  surtout  métaux  précieux  plus  facilement  divisibles  et  stockables  sur  une
                  longue  période.  Ces  monnaies  tiraient  leur  valeur  de  la  matière  qui  les
                  constituait.  Aujourd’hui  la  valeur  des  monnaies  est  supérieure  à  la  valeur
                  d’échange  des  matières  premières  qui  les  constituent.  Ainsi,  un  billet  de  100
                  francs  permet  d’acheter  plus  de  biens  que  ne  laisserait  supposer  la  valeur  du
                  papier qui  constitue  le  billet  de banque. La  valeur  du  métal  contenu  dans les
                  pièces de monnaie est inférieure à leur valeur nominale (somme inscrite sur la
                  pièce). Bien plus, dans les cas exceptionnels (pièces de 5 francs ou de 10 francs
                  en argent) où la valeur marchande de la monnaie s’est rapprochée de la valeur
                  nominale, la population a thésaurisé les pièces, ce qui a abouti à les retirer de la
                  circulation, selon l’adage célèbre « la mauvaise monnaie chasse la bonne »!


                            2.2. Les différentes formes de monnaie

                            La monnaie la plus largement utilisée n’est ni la monnaie divisionnaire
                  (pièces métalliques destinées à faire l’appoint dans les transactions) ni les billets
                  de banque, mais cette         forme de monnaie au nom étrange et que l’on ne voit
                  jamais, la monnaie scripturale ou « monnaie écrite ». La monnaie scripturale est
                  constituée par l’ensemble des inscriptions sur les comptes à vue des banques,
                  des chèques  postaux, du Trésor et des caisses d’épargne.
                            Pour comprendre ce dont il s’agit, suivons un Français moyen dont le
                  salaire est « versé » sur son compte en banque.
                            Démontrons  que  l’inscription  de  la  somme  de  6  000  francs  sur  son
                  compte  bancaire  constitue  bien  de  la  monnaie.  Tout  d’abord,  constatons  que
                  cette inscription permet bien de régler des dettes : le salarié s’estime payé par
                  l’employeur,  le  propriétaire  a  bien  reçu  le  montant  de  son  loyer;  le  rôle  de
                  moyen de paiement de toute monnaie est donc effectivement rempli; par ailleurs,
                  M. Dupont peu garder pendant plusieurs mois son argent en compte puis le
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