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Chapitre 2.


                            Monnaie et inflation


                            1.Des économies qui ne peuvent plus
                            fonctionner sans monnaie

                            Dans les sociétés primitives que nous décrivent les sociologues, le troc,
                  c’est-à-dire l’échange de marchandises contre des marchandises, était courant.
                  L’usage ou la négociation fixait la quantité du bien A qu’il convenait de donner
                  pour obtenir tel autre produit.
                            Nos  sociétés  seraient  bien  incapables  de  revenir  au  troc  généralisé.
                  Imaginez  que  Renault  rémunère  ses  ouvriers  en  nature, voici  chaque  OS  à  la
                  recherche  d’un  client  et  condamné  à  ne  pas  s’alimenter  s’il  tarde  trop  à  le
                  trouver.
                            Encore faudra-t-il que l’acheteur lui fournisse, sinon ce dont il a besoin,
                  du  moins  des  biens  que  le  propriétaire  de  son  logement,  son  crémier  ou  son
                  boucher  sont  susceptibles  d’accepter...  Quant  à  Renault,  ses  fournisseurs
                  accepteront-ils d’être réglés en voiture? Le troc généralisé s’avère inacceptable
                  dans des sociétés complexes où les échanges se sont multipliés.
                            En vérité le troc n’a pas totalement disparu de nos sociétés. Il n’est pas
                  rare aujourd’hui que tels pays de l’Est ou du Tiers Monde lient leur décision
                  d’achat  à  l’acceptation  par  les  fournisseurs  d’un  paiement  total  ou  partiel  en
                  biens disponibles dans le pays considéré. Ainsi, Renault, qui avait accepté d’être
                  payé en café, eut de graves difficultés pour l’écouler et ne put le faire qu’à un
                  prix qui se traduisit par des pertes importantes.
                            Ces  survivances  du  troc,  pour  être  étonnantes,  restent  néanmoins
                  marginales  et  les  difficultés  concrètes  que  rencontrent  les  entreprises  qui  les
                  pratiquent  font  vivement  ressortir  à  quel  point  nos  sociétés  ne  peuvent
                  fonctionner sans monnaie.

                            2. Qu'est-ce que la monnaie?

                            2.1. Comment reconnaître une monnaie?

                            Pièces sonnantes et trébuchantes, billets de banque dont la contrefaçon
                  est interdite..., chacun a le sentiment de savoir ce qu’est la monnaie. Vérifions.
                  Y a-t-il d’autres monnaies et si oui lesquelles? Pour répondre à cette question il
                  faut préciser ce qui caractérise une monnaie.
                            On  appelle  monnaie  un  bien  qui  assure  à  la  fois  les  fonctions
                  d’intermédiaire  dans  les  échanges,  d’instrument  de  mesure  des  valeurs,  et  de
                  réserve de valeur. Prenons l’exemple du billet de banque de 100 F, c’est un
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