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numéraire aura pour conséquence l'obligation de protéger les
industries nationales contre la concurrence étrangère et de
favoriser leur développement afin d'assurer, grâce à
l'indépendance économique et à une politique commerciale
protectionniste, les bases de la puissance militaire de la nation.
La politique mercantiliste - qui prend en France le nom de
colbertisme - finit par susciter les vives réactions des
économistes classiques Richard Cantillon et Adam Smith à la
fin du XVIIIe siècle. Leurs écrits posent les fondements du
libéralisme économique (laisser faire, laisser passer), doctrine
qui prévaudra pendant tout le XIXe siècle et encore au XXe
jusqu'à la Première Guerre mondiale. Les partisans du
libéralisme sont opposés à toute intervention de l' État
(concessions, droit de monopole, aides à l'exportation,
contingentement des importations), car elle risque d'entraver le
développement des échanges. Ils défendent, au contraire, le
droit à la libre concurrence entre les nations, chacune d'elles
devant se spécialiser dans ses productions les plus rentables,
plutôt que de chercher à atteindre une illusoire et coûteuse
autarcie. "La sagesse d'un chef de famille, affirme Adam
Smith, est de ne pas fabriquer chez lui ce qu'il a moins de peine
à acheter à l'extérieur. "La libre concurrence doit permettre à
chaque pays de se consacrer à la production à laquelle il est le
mieux adapté, tout en contribuant à l'essor des industries et au
développement des échanges commerciaux" (théorie dite de
l'avantage absolu). Mais que se passe-t-il si un pays est
contraint de tout importer sans pouvoir exporter aucune
marchandise?
David Ricardo oppose à cette objection sa théorie des
coûts comparés, ou théorie des avantages comparatifs. La
spécialisation s'avère avantageuse quand on compare les coûts
de production d'une même marchandise dans deux pays
différents. Considérons, comme le fait David Ricardo, deux
produits, le pain et le vin, et deux pays, l'Angleterre et le
Portugal. Supposons qu'en Angleterre le coût de production
d'une unité de pain (calculé en unités de travail nécessaires)
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