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soit de 100 et le coût de production pour une unité de vin, de
               120. Au Portugal, ces coûts sont de 90 pour le pain et de 80
               pour  le  vin.  Il  ressort  que  le  Portugal  est,  par  rapport  à
               l'Angleterre, en situation de supériorité absolue pour ces deux
               produits, supériorité encore plus grande quand il s'agit du vin.
               Dans  ce  cas  précis,  le  principe  des  prix  comparés  démontre
               l'avantage de la spécialisation, la nécessité des échanges. Pour
               produire  chez  elle  une  unité  de  pain  et  une  unité  de  vin,
               l'Angleterre dépense 220 unités de travail. Si elle se spécialise
               dans le pain tandis que le Portugal se spécialise dans le vin (où
               réside son plus grand avantage) et que les deux pays procèdent
               à des échanges,  l'Angleterre économisera 20 unités de travail
               puisqu'elle dépensera 100 unités pour produire l'unité de pain
               qu'elle  consomme  et  100  autres  pour  l'autre  unité  de  pain
               qu'elle  échange  contre  une  unité  de  vin.  Le  Portugal,  de  son
               côté, dépensera 160 unités de travail (80 pour une unité de vin
               qu'il consomme et 80 pour produire  l'autre unité de  vin qu'il
               échangera contre une unité de pain) au lieu des 170 qu'il aurait
               dû  fournir  s'il  n'avait  pas  pratiqué  d'  échange  (80  unités  de
               travail pour le vin, 90 pour le pain); le Portugal économise 10
               unités  de  travail.  Chaque  pays  a  intérêt  à  se  spécialiser  dans
               une  production  bien  adaptée  et  qui  offre  le  plus  d'avantages.
               Cette  théorie  se  justifie  dans  l'hypothèse  où  les  facteurs  de
               production  (dans  le  cas  présent,  le  travail)  sont  libres  de  se
               déplacer à l' intérieur de chaque pays d'un emploi à l'autre (ce
               qui  permet  la  recherche  d'un  coût  de  production  plus
               avantageux).
                     Cette théorie sera par la suite affinée par John Stuart Mill
               et Alfred Marshall. Dans l'exemple de David Ricardo, les lois
               de l'offre et de la demande font que l'échange est plus favorable
               au  Portugal;  il  pourrait  acheter  une  plus  grande  quantité  de
               pain, mais l'Angleterre est en droit de refuser. La justification
               des  échanges  n'apparaît  que  lorsque  l'offre  et  la  demande
               s'égalisent quantitativement. Le commerce extérieur se pratique
               entre tous les partenaires économiques de la planète; l'équilibre
               des exportations et des importations ne doit pas être recherché
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