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produisant en France... avec les pertes de marchés qui en résultent... Ainsi, dans
certains cas, la volonté de soutenir la demande peut se retourner contre
l'emploi, d'autant que parallèlement la balance commerciale se détériore. Quel
est alors le solde sur l'emploi? Il n'y a pas de réponse universelle, mais des
réponses qui varient en fonction de la situation concrète d'une économie. Ainsi,
la RFA produit une part importante des biens d'équipement qu'elle utilise, la
reprise des investissements lié à l'accroissement de la demande des biens de
consommation a donc un effet entraînant sur l'emploi national. En France, un
pourcentage élevé des équipements est importé, une relance de la demande de
biens de production de même ampleur a donc des effets beaucoup plus faibles
sur l'emploi et pèse plus négativement sur le solde de la balance commerciale.
Face à ce problème, de nombreux keynésiens préconisent une intervention
active de l'État, destinée à mettre en place des structures industrielles et
commerciales telles que les effets pervers des politiques de relance soient
faibles et leurs effets positifs importants (politiques industrielles).
Il est extrêmement difficile face à une situation donnée de déterminer
réellement l'ampleur des effets keynésiens et néo-classiques... or, il est essentiel
de la quantifier puisque l'efficacité d'une politique est fonction de l'incidence
des différents effets ; ainsi, si ces effets keynésiens sont quantitativement plus
importants, il est non seulement inutile mais également pernicieux de mettre en
place une politique néo-classique de baisse des salaires.
Une des difficultés majeures de la période actuelle tient à ce que
l'intégration croissante à l'économie mondiale a considérablement accru
l'ampleur des effets pervers des différentes politiques... rendant difficile la
détermination des moyens d'assurer le plein emploi.
3.4 La modernisation des équipements pour ou contre l'emploi ?
La modernisation est souvent accusée d'être à l'origine du chômage.
L'analyse de cette question permettra de voir une fois de plus que le problème
est beaucoup plus complexe au niveau national que ne l'indique une approche
individuelle.
Du point de vue de l'individu...
L'ouvrier spécialisé de chez Renault ou Fiât à qui on annonce que la
chaîne sur laquelle il travaille va être supprimée au profit d'un équipement plus
moderne a de réels motifs de s'inquiéter. Il est en effet vraisemblable que le
nouveau matériel impliquera un nombre beaucoup plus faible de travailleurs
pour assurer un niveau de production inchangé... et un nombre important de
licenciements risque d'être décidé. Bien plus, le savoir-faire de l'ouvrier sur
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