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d'œuvre et comme on ne veut pas payer des travailleurs à ne rien faire, on
licencie... ; de licenciement en licenciement, le chômage se développe. Comme
les travailleurs licenciés ne reçoivent plus de salaires, les commerçants voient
les achats de leurs clients habituels diminuer ; ayant moins de revenus, la
population achète moins. Devant les nouvelles difficultés à écouler leurs
marchandises, les industriels licencient à nouveau. C'est l'engrenage de la
crise...
3.2 Explications néo-classiques et keynésiennes
Nous avons vu que sur un « véritable » marché, la confrontation de l'offre
et de la demande détermine à la fois les quantités produites et le prix auquel
s'effectuent les transactions. Si l'on applique cette règle au travail comme le
font les néo-classiques, cela signifie que le salaire (prix du travail) et le niveau
de l'emploi (quantité de travail) résultent de la confrontation de l'offre et de la
demande sur le marché du travail.
Assurer la flexibilité des salaires
Pour les néo-classiques, en situation de concurrence pure et parfaite, les
variations du salaire (en particulier à la baisse), permettent d'accroître les offres
d'emploi jusqu'au niveau nécessaire pour assurer le plein emploi de la main-
d'œuvre (ou un quasi-plein emploi).
Leur analyse repose sur l'argumentation suivante : l'embauche d'un
nouveau travailleur a un coût pour l'entreprise; si ce coût est supérieur à la
valeur que l'entreprise pense pouvoir obtenir grâce au travail de ce nouveau
salarié, elle renonce à l'employer; s'il est inférieur, elle l'embauche puisque cela
lui permettra d'accroître ses gains... la baisse des salaires réduit le coût d'une
embauche nouvelle... et rentabilise des embauches qui autrement ne pourraient
pas être envisagées.
Prenons un exemple : un marchand de légumes envisage de livrer à
domicile ses clients; pour cela il faudrait embaucher un salarié. Si, compte tenu
du coût salarial, chaque livraison a un prix de revient de 20 F alors que le
commerçant estime à 18 F la recette nette provenant du surcroît de commandes
lié au service supplémentaire que représente la livraison à domicile, le résultat
étant négatif, le commerçant renoncera à embaucher, alors qu'il aurait pris la
décision contraire si le coût salarial avait été plus faible.
Dans l'optique néo-classique, l'existence du SMIC (salaire minimum
interprofessionnel de croissance) est une cause de chômage car elle empêche la
baisse du niveau des salaires.
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