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Le rôle de la demande

                                     Pour les keynésiens, au contraire, le marché du travail n'est pas un
                     véritable marché au sens néo-classique du terme. Le niveau de la demande de
                     travail est déterminé non par le niveau des salaires mais par l'importance de la
                     demande  attendue  par  l'entreprise.  Celle-ci  n'embauche  que  si  elle  estime
                     qu'elle aura des débouchés, c'est-à-dire si la demande est suffisante. Le niveau
                     de l'emploi est donc fonction de la demande de produits; celle-ci étant estimée,
                     le niveau de l'emploi sera déterminé par la nature des techniques de production
                     existantes.
                          Par ailleurs, une baisse des salaires, non seulement ne soutient pas l'emploi
                     mais exerce un effet dépressif sur l'embauche dans la mesure où une diminution
                     des salaires risque d'induire une réduction de la demande aux entreprises car la
                     masse  des  salaires  distribués  risque  de  décroître  Cette  contraction  de  la
                     demande provoquera une baisse du niveau de production, donc de l'embauche.
                          Enfin, la réduction des salaires peut exercer, à terme, un effet pervers sur
                     l'emploi en ralentissant la modernisation. En effet, plus les salaires sont faibles,
                     moins l'entreprise a intérêt à effectuer des investissements destinés à accroître
                     sa  productivité,  le  principal  intérêt,  pour  une  firme,  de  moderniser  étant  la
                     réduction des coûts salariaux par unité produite.

                          3.3   Effets sur l'emploi de l'accroissement de la demande

                          Tout d'abord, en période de mévente, les entreprises ont souvent des stocks
                     qu'elles écoulent avant d'accroître la production, mais il ne s'agit ici que d'un
                     problème d'ampleur limitée dans la mesure où, passée une courte période de
                     déstockage,  l'embauche  devrait  reprendre.  De  même,  il  est  souvent  possible
                     d'accroître un peu sa production sans embaucher, en augmentant les cadences
                     de production des travailleurs en place. Plus grave est le problème que pose
                     l'inflation  :  face  à  une  augmentation  de  la  demande,  certaines  entreprises
                     s'empressent d'accroître leur production et donc l'emploi, mais d'autres peuvent
                     en profiter pour accroître leurs prix...; en pratique, on constate en général que
                     les  deux  effets  se  conjuguent,  il  y  a  à  la  fois  accroissement  des  quantités

                     offertes et tendance à la hausse des prix... Le plein emploi vaut bien un peu
                     d'inflation, estiment souvent les keynésiens..., du moins tant que celle-ci reste
                     limitée... aussi le principal obstacle à la politique de relance est-il constitué par
                     la prise en compte de l'ouverture des économies sur l'extérieur.
                          Si l'accroissement de la demande s'adresse plus aux entreprises étrangères
                     qu'aux  entreprises  nationales,  si  on  achète  des  téléviseurs  Sony  plutôt  que
                     Thomson...  l'effet  sur  l'emploi  national  d'une  relance  de  la  demande  risque
                     d'être bien faible, voire nul... Le seul effet significatif est alors la tendance à la
                     hausse des prix avec ses effets négatifs sur la compétitivité des entreprises
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