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demande aura tendance à augmenter dans l’avenir c’est-à-dire dans les
« secteurs porteurs », les secteurs à haute technologie qui dégagent plus de
richesses c’est-à-dire plus de « valeur ajoutée », et les secteurs qui lui
assurent une certaine indépendance. Les secteurs de l’électronique et de
l’informatique possèdent ces caractéristiques.
Si un pays ne maîtrise pas ces secteurs clés de l’économie, l’intérêt
du libre-échange n’est pas évident. Ainsi, pour reprendre l’exemple
illustrant l’analyse de Ricardo, si le Portugal prévoit l’évolution pour la
demande de vin et de drap, il a intérêt sur le long terme à ne pas
abandonner la production de drap au profït de celle du vin s’il veut
maintenir l’emploi sur son territoire.
Enfin, un pays peut voir sa croissance limitée par contrainte que
représente le nécessaire équilibre de la balance des paiements si sa
spécialisation crée une dépendance trop forte vis-à-vis de l’étranger ou
n’est pas correctement adaptée à l’évolution de la demande mondiale.
Imaginez un pays dont le revenu des ménages augmente de 10 millions de
francs. Ces particuliers consacrent par exemple 8 millions de francs à
l’achat de produits en provenance de l’étranger : magnétoscope, appareils
électroménagers, etc., non disponibles en quantité suffisante (ou en qualité)
sur le territoire national. Le reste, soit 2 millions de franc s’oriente vers la
production des entreprises nationales. Mais celles-ci pour faire face à cet
accroissement de demande importent plus de matières premières, de biens
d’équipement, de produits semi-finis. Au total, l’accroissement de revenus
distribués aux ménages aura essentiellement bénéficié aux entreprises
étrangères et surtout aura engendré une forte croissance des importations et
une détérioration de la balance commerciale.
Un pays dans une telle situation n’a d’autres possibilités sur le
court terme que de limiter la croissance de production et, à long terme de
modifier sa spécialisation de façon à la rendre plus adaptée à la concurrence
internationale. Certains considèrent que des mesures protectionnistes sont
nécessaires pour rendre cette adaptation plus facile, d’autres pensent
qu’elles sont inutiles voire dangereuses étant donné les représailles qu’elles
peuvent susciter de la part des autres pays.
5.5. Le pragmatisme des politiques réelles
Les pays actuels sont rarement totalement protectionnistes dans la
mesure où une certaine dépendance vis-à-vis de l’extérieur existe en ce qui
concerne les approvisionnements en matières premières, mais aussi pour
les débouchés nécessaires à la rentabilité des grandes entreprises. Ainsi,
Renault exporte plus de 50 % de sa production. Fermer les frontières par
des mesures protectionnistes implique le risque de voir les autres pays agir
de même avec toutes les conséquences négatives que cela pourrait
engendrer sur l’économie nationale. Inversement, les pays sont rarement
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