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aujourd'hui de s'y rétablir, non sans difficultés.
                     Dans  les  organisations  internationales,  la  France  et  les
               autres  pays  francophones  s'efforcent  de  défendre  et  de
               promouvoir  l'usage  du  français.  Pourtant,  alors  que  celui-ci
               était la langue de la diplomatie jusqu'en 1939, il a bien du mal à
               maintenir son statut officiel de langue de travail à parité avec
               l'anglais. Si la langue française maintient sa deuxième position,
               elle se place ici encore loin derrière l'anglais. Le français perd
               également du terrain au sein des organisations européennes au
               profit de l'anglais et de l'allemand.
                     La  francophonie  étant  souvent  un  élément  clef  de
               l'identité des minorités, la pratique de la langue est également
               un enjeu fondamental dans les relations entre les communautés
               au Canada ou en Belgique. La préservation de la pratique du
               français  devient  ici  un  objectif  identitaire  crucial  et  parfois
               passionnel. Plus sensibilisé au poids de l'anglais, les "Français
               du  Canada"  attachent  ainsi  souvent  plus  d'importance  à  la
               pureté  de  la  langue  que  les  Français  de  France.  Dans  un
               contexte différent, la francophonie est aussi un enjeu politique
               en Algérie. Alors qu'il est la langue de la minorité moderniste,
               le français a été négligé au profit d'une politique d'arabisation
               très  idéologique.  La  montée  des  mouvements  islamistes  au
               Magreb donne également lieu à des attaques contre la pratique
               du  français,  assimilé,  en  grande  partie  à  tort,  à  une
               occidentalisation des élites.
                     Les origines de la promotion internationale de la langue
               française  remontent  à  la  fin  du  XIX  e  siècle  (création  de
               l'Alliance française) et la défense de la place du français sur la
               scène  internationale  est  une  constante  de  la  diplomatie
               française  depuis  les  années  1960.  Comme  ambition  politique
               dotée  d'outils  institutionnels,  la  francophonie  s'est  pourtant
               développée assez tardivement. Ainsi, c'est seulement en 1970
               qu'est  créée  l'Agence  de  coopération  culturelle  et  technique
               (ACCT) francophone, qui a un rôle et un budget modestes.
                     La grande étape politique a été la création par François
               Mitterrand,  en  1986,  des  sommets  de  la  francophonie  qui  se
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